Je suis perdu, au beau
milieu de nulle part, sur ce qui semble être une île, mais je n'y
vois personne, même pas un vieillard devenu fou qui serait en train
de parler à une noix de coco avant de réaliser qu'il est censé la
manger pour rester en vie.
Je me dis que je dois
faire le tour de cet endroit désert, sans personne pour me faire
visiter les lieux.
Ça faisait bien deux
bonnes heures que je marchais, et pourtant il n'y avait toujours
aucun signe de vie. Jusqu'à ce que je voie une silhouette, assise
dos à moi devant un feu minuscule. Elle ne se retournait pas en
m'entendait craquer des branches sous mes pieds lorsque je marchais,
quand je l’appelais elle lâchait une sorte de soupir moqueur. J'ai
été jusqu'à lui lancer des petits gravillons de sable dessus, pour
la faire réagir, mais la seule réaction que ça lui procurait était
un rire mesquin qui me faisait froid dans le dos.
Je décide donc de
m'allonger pour la nuit, à quelques mètres de cette femme
recroquevillée sur elle-même, habillée de ce qui semblait être un
vieux tissu déchiré et qui recouvrait son corps maigre à en faire
peur.
Cette vieille peau me
fichait la trouille, et pourtant je voulais passer ma nuit de sommeil
à côté d'elle, sur une île dont je ne connais rien et où nous
sommes les seuls habitants. J'aimais beaucoup me faire flipper, que
mon sang se glace dans les moments les plus critiques où je pouvais
risquer ma vie avec une chance infime de m'en sortir.
Alors je ferme les yeux
paisiblement, un certain frisson d'excitation me parcourant à l'idée
de ce qu'il pourrait m'arriver avant l'aube.
Il est 3h du matin, j'ai
toujours les yeux fermés, mais je sens une forte chaleur, ainsi
qu'un liquide chaud qui m'entoure. J'ouvre les yeux pour comprendre
ce qui m'arrive, et je la vois. Cette femme est allongée sur moi, ou
plutôt ce qu'il reste de moi. Elle m'avait sectionné les bras et
les jambes et le sang est encore chaud, coulant autour de moi, alors
que son arme est plantée dans ma cage thoracique. Elle me sourit
avec sa bouche fendue, pendant que je peux voir ses cheveux
dissimuler à peine le reste de son visage. Je la reconnais. C'est ma
petite sœur Ume, décédée il y a 5 ans, tuée par un mercenaire à
l’âge de 26 ans.
Elle
me regarde, heureuse. Ume à l'air soulagée que j'aie toujours été
à ses côtés, dans ma schizophrénie... Cette maladie que j'ai
toujours eu depuis sa mort, qui a créé cette île déserte dans mon
esprit, pour retrouver ma sœur morte, cette maladie va me tuer ici
même, dans les bras de Ume, tous les deux emportées par les
flammes.
Nouvelle de Muna NeriPeinture de Georges Fho Madison
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