Allongée
sur un sofa à l’angle d’une fenêtre, la nuit est tombée.
La
lueur d’une lampe à pétrole éclaire ma somnolence.
De
riches étoffes me parent, m’habillent, me cachent et me révèlent
tout à la fois.
Je
me vautre dans ce chatoiement, cette luxuriance me comble.
Cette
débauche de richesse, cette opulence étalée
me sied.
Oui,
je suis jeune, je suis belle. Je me sens intimement désirable.
La
collerette de satin bleu, autour de mon cou illumine mon teint pâle
de jeune pousse rousse.
Cette
barrière marmoréenne freine encore un peu la puissance pourpre qui
s’insinue en moi.
Comme
un bijou, un corset d’or verrouille ma taille de femme fleur, tout
juste sortie de l’enfance.
La
clé de ce joyau vagabonde entre le ciel et l’enfer, entre raison
et passion. Entre le feu et la glace.
Pure
princesse, prochainement reine. Je le sais, je le sens.
Yeux
fermés, narines frémissantes, ma bouche juste close, s’abandonne
déjà au rêve d’un baiser.
J’y
songe doucement.
Mes
doigts jouent dans mes boucles soyeuses, me titillent l’oreille
dans une approche érotique.
Mon
buste se cambre légèrement dans ses atours fleuris. Ma poitrine
comprimée écrasée de perles nacrées s’enfle doucement.
La
couleur écarlate de ma jupe, sans le vouloir, révèle mon désir
aussi chaud qu’un rubis.
Les
yeux fermés je ressens l’incendie au centre de mon corps.
Une
douce et impérieuse moiteur s’anime dans le secret de mes jupons.
Nonchalant,
mon bras glisse au sol…
Il
frôle le tapis, s’incurve vers l’ourlet de mes cotillons.
Osera-t-il
se fourvoyer au-delà de la soie azurée ?
S’aventurer
parmi mes dentelles pour un jeu voluptueux ?
Je
me laisse emporter.
Nouvelle de Marie Burel
Peinture, Rêverie de Jean-Baptiste Valadie
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